vendredi 20 juillet 2007

La guerre du froid n'aura pas lieu

Vendredi 20 juillet
Ny Ålesund
T°C: 8°C
T°C plus effet du vent: 4°C
Vent faible, nuageux

Bas dort, Olga est partie pour un thé, Sofie s'occupe de la toundra et Maarten est à Longyearbyen pour récupérer son fils à l'aéroport. Les snowbuntings ont été nourris. Il est temps de mettre à jour ce blog.

La base hollandaise ne désemplie pas et les hôtes se suivent pour notre plus grand plaisir. Lundi dernier, Olga est arrivée pour étudier les parasites des snowbuntings. Avant son arrivée, j'étais chargé de localiser les nids de ces petits passereaux. De la taille d'un rouge-gorge, ils hivernent en Europe, du Danemark au nord de la France. Long voyage pour un si petit animal. Après avoir été bagués, quatre petits ont fini dans une cage en toile: nous les nourrissons toutes les deux heures et recueillons leurs crottes pour analyse.



Nous avons un peu chamboulé notre rythme habituel pour pouvoir se relayer: au lieu de lever à midi et de se coucher à 4h du matin comme nous faisions auparavant, je me lève à 6h et me couche plus tôt. Comme l'équipe des oies n'a pas un rythme très "sociable", cela permet de voir des gens que nous ne voyons pas d'habitude.



Les nuages ont passé le glacier du Kongsvegen, à l'Est et se sont installés depuis hier dans le fjord. Quelques éclaircies pointent malgré tout entre la grisaille; en espérant que, comme la semaine dernière, le beau temps chasse le brouillard accroché aux montagnes et fasse revenir baleines et bélugas dans le fjord.





Mardi 31 juillet

depuis le 20, le temps a été trop beau pour rester devant un ordinateur. Nous avons donc enchainé les captures: les kayaks glissent jusqu'aux oies et les ramènent doucement vers la berge, entre les filets tendus pour l'occasion. La mer est souvent calme; parfois les vagues jouent les montagnes russes et rendent la capture plus difficile, mais à force de persévérance et de manoeuvres rapides, nous arrivons généralement à pousser les oiseaux vers le piège.

De là, nous les prenons une par une et les pesons, mesurons, baguons, sexons, et prélevons 2ml de leur sang avant de les relacher vers la mer. Leur coeur bat la chamade, même si nous essayons d'être les plus doux et les plus rapides possible.

Samedi, le brouillard se posa sur nous et nous coupa du monde pendant toute la durée de la capture. Coupés du monde dans un village en dehors du monde. Même si les avions arrivent et repartent deux fois par semaines, les bateaux déversent leurs flots de touristes et l'internet nous tient au courant des grêves, le sentiment d'être ailleurs, dans un endroit à part, est fort. Les gens passent, Sofie et Olga sont déja reparties après un court séjour et de très bons moments, mais le soleil n'arrête pas de tourner, de plus en plus bas. Les gens disent que ce qui se passe ici restera ici, alors chacun essaie d'en emporter un petit bout, en cachette dans sa mémoire.

Lorsque le brouillard se leva, le bateau dont nous avions entendu la corne de brume apparu, immense près de la jetée, noyau d'un atome étrange dont les électrons étaient un nuage de canots déposant les passagers sur le quai. 2000 touristes vinrent multiplier par 20 la population du village.

Et pendant ce temps, impassibles, des vestiges oubliés d'une vieille course rouillent en toute tranquilité...


A bientôt
yvan

2 commentaires:

Anonyme a dit…

A priori tu t'éclates toujours autant mon coyote. Continue comme ça, je veux passer des heures à técouter à ton retour.

A plus.

Dez.

Anonyme a dit…

"nous les prenons une par une [...]. Leur coeur bat la chamade, même si nous essayons d'être les plus doux et les plus rapides possible."

Tes récits nous émoustillent.