mercredi 18 novembre 2009

vendredi 31 août 2007

la fin du jour sans fin

besoin de mettre à jour ce blog et de terminer l'histoire.

Nous avons finalement quitté Ny-Alesund et pris l'avion vers le monde, l'autre monde. Celui des nuits et des jours, des lumières et de l'obscurité, des grands arbres, des gens et des voitures et de la planéité de l'horizon hollandais.

Ce voyage depuis le nord termine aussi cette année de vadrouille. Même si elle fut trop courte, elle m'a permis de rencontrer des gens dont j'espère recroiser les pas, ailleurs, un jour.


De 47 degrés Sud à 79N, ma tête est plein de souvenirs. Mais encore trop vide...

à bientôt, et skål for det siktet

yvan

vendredi 20 juillet 2007

La guerre du froid n'aura pas lieu

Vendredi 20 juillet
Ny Ålesund
T°C: 8°C
T°C plus effet du vent: 4°C
Vent faible, nuageux

Bas dort, Olga est partie pour un thé, Sofie s'occupe de la toundra et Maarten est à Longyearbyen pour récupérer son fils à l'aéroport. Les snowbuntings ont été nourris. Il est temps de mettre à jour ce blog.

La base hollandaise ne désemplie pas et les hôtes se suivent pour notre plus grand plaisir. Lundi dernier, Olga est arrivée pour étudier les parasites des snowbuntings. Avant son arrivée, j'étais chargé de localiser les nids de ces petits passereaux. De la taille d'un rouge-gorge, ils hivernent en Europe, du Danemark au nord de la France. Long voyage pour un si petit animal. Après avoir été bagués, quatre petits ont fini dans une cage en toile: nous les nourrissons toutes les deux heures et recueillons leurs crottes pour analyse.



Nous avons un peu chamboulé notre rythme habituel pour pouvoir se relayer: au lieu de lever à midi et de se coucher à 4h du matin comme nous faisions auparavant, je me lève à 6h et me couche plus tôt. Comme l'équipe des oies n'a pas un rythme très "sociable", cela permet de voir des gens que nous ne voyons pas d'habitude.



Les nuages ont passé le glacier du Kongsvegen, à l'Est et se sont installés depuis hier dans le fjord. Quelques éclaircies pointent malgré tout entre la grisaille; en espérant que, comme la semaine dernière, le beau temps chasse le brouillard accroché aux montagnes et fasse revenir baleines et bélugas dans le fjord.





Mardi 31 juillet

depuis le 20, le temps a été trop beau pour rester devant un ordinateur. Nous avons donc enchainé les captures: les kayaks glissent jusqu'aux oies et les ramènent doucement vers la berge, entre les filets tendus pour l'occasion. La mer est souvent calme; parfois les vagues jouent les montagnes russes et rendent la capture plus difficile, mais à force de persévérance et de manoeuvres rapides, nous arrivons généralement à pousser les oiseaux vers le piège.

De là, nous les prenons une par une et les pesons, mesurons, baguons, sexons, et prélevons 2ml de leur sang avant de les relacher vers la mer. Leur coeur bat la chamade, même si nous essayons d'être les plus doux et les plus rapides possible.

Samedi, le brouillard se posa sur nous et nous coupa du monde pendant toute la durée de la capture. Coupés du monde dans un village en dehors du monde. Même si les avions arrivent et repartent deux fois par semaines, les bateaux déversent leurs flots de touristes et l'internet nous tient au courant des grêves, le sentiment d'être ailleurs, dans un endroit à part, est fort. Les gens passent, Sofie et Olga sont déja reparties après un court séjour et de très bons moments, mais le soleil n'arrête pas de tourner, de plus en plus bas. Les gens disent que ce qui se passe ici restera ici, alors chacun essaie d'en emporter un petit bout, en cachette dans sa mémoire.

Lorsque le brouillard se leva, le bateau dont nous avions entendu la corne de brume apparu, immense près de la jetée, noyau d'un atome étrange dont les électrons étaient un nuage de canots déposant les passagers sur le quai. 2000 touristes vinrent multiplier par 20 la population du village.

Et pendant ce temps, impassibles, des vestiges oubliés d'une vieille course rouillent en toute tranquilité...


A bientôt
yvan

vendredi 29 juin 2007

vendredi 29 juin 2007

Ny Ålesund 21h38
T°C: 6°C
T°C plus effet du vent: -3°C
Humidité relative: 80%

La maison est vide: Maarten est parti approvisioner nos compteurs d'oies au bout du fjord, Bas s'occupe de son labo, Ricardo doit pister les touristes quelque part et Stefan profiter de ses derniers jours à London2. Pas d'oies au bout du chemin ce soir, la pluie glaçante de 7h les a forcées à se terrer contre la toundra. L'ordinateur est libre.
Nous voici donc à Ny-Ålesund depuis bientot deux semaines. La vie suit le train des oies sur la toundra et la course du soleil au dessus des têtes. Etrange sensation d'arriver ici aussi vite, dans le cercle polaire arctique, sur une terre où il fallait auparavant plusieurs jours de bâteau parmi les débris des glaces, dans ce village d'où de nombreuses expéditions polaires sont parties et ne sont parfois pas revenues.


Les premiers jours à Longyearbyen m'avaient parus étranges: arrivé trop vite sur cet île, je me sentais marcher sur des nuages, incapable d'assimiler le changement de civilisation. Passer de l'ère de l'agenda et de la ponctualité à celle de du soleil et de l'attente. Bas me demandait pourquoi je voulais venir ici (ou là) : pour arriver quelque part où l'on ne contrôle pas tout et où il faut se sentir humble devant la nature pour exister.
Ce dimanche, en cadeau d'anniversaire, l'esprit encore embrumé par la fête de la mi-été et le feu de la saint Jean de la veille, j'ai eu droit à un branle-bas-de-combat en bonne et due forme: l'ours avait été vu à Storholmen, une ile du fjord où nous passons parfois. L'ours, l'ours polaire, la plus grande crainte des norvégiens du nord avec la peur que le soleil ne réapparaisse pas au printemps. Les fusils ont poussé sur les épaules, on a parlé d'un, puis de deux, on a dit qu'il était à deux heures de nage du village, que le courant lui faisait gagner de la vitesse, porté par les icebergs, qu'il en arrivait du nord et du sud, bientôt de l'est et de l'ouest. La rumeur va souvent plus vite que son objet... L'ours est reparti vers des berges plus calmes mais nous ne quittons désormais plus notre fusil à verrou .308.

Fusil et télescope, les deux compagnons du petit ornithologiste de terrain.

C'est une étrange sensation que de se sentir faible et petit devant un animal, et quelque peu dommage que notre relation avec lui ne soit que défensive : dans 98% des rencontres pourtant, l'ours ne veut que savoir quel type d'animal est sur son chemin, et s'en retourne dès que sa curiosité est satisfaite. Le fusil n'est qu'un placebo, malheureusement parfois nécessaire.


Coquelicot du Svalbard (Papaver dalhianum)

1 "humide" - éclos-, 1 "trou" -2ième phase d'éclosion- , 1 oeuf (Branta leucopsis)

Depuis l'arrivée du soleil, la vie reprend, la neige fond, les fleurs sortent, les oeufs éclosent et les biologistes baguent, observent, notent et s'affairent, pressés par les naissances comme l'écureuil par le retour du froid. Pour l'instant nous ne faisons que relever les nids, noter les bagues des parents et le nombre de familles et de rejetons, mais les oiseaux n'attendent pas avant de se jeter dans la mer : dès le premier soir, les poussins trébuchent à côté de leurs parents.

Pendant ce temps, les glaciers grondent et pleurent l'arrivée de l'été. Leurs larmes flottent alors dans les eaux du Kongsfjord, la baie du Roi, entre les canots d'aciers qui partent vers les îles ou l'océan. Je m'assoie à la proue et guette les icebergs ; un geste dans une direction et le canot suit ma main.


Les mouettes tridactyles (Rissa tridactyla) sur le piquet de grêve après l'annonce de la suppression de 10 000 postes dans la fonction publique

à bientôt
yvan

PS: vous pouvez maintenant voir les photos en taille réelle en cliquant dessus.

PS2: pour en voir plus : allez sur Netherlands arctic station

lundi 18 juin 2007

Longyearbyen

Nous y voila, donc...
Après un voyage en remontant vers la lumière et le beau temps, notre avion a atterri ce matin, à 2h, sur la piste de Longyearbyen, la "capitale" et escale obligée pour la base de NY-Alesund. Le soleil était au nord, au dessus des montagnes qui bordent le fjord. "Nuit" sans vent, presque douce, revigorante après l'humidité des Pays-Bas et de la Norvège.

Ce matin, le soleil était au dessus de la large vallée qui termine le fjord, ancien lit de glacier.

Une mouette blanche (Pagophila eburnea, mouette d'ivoire en anglais), posée sur un traîneau.

Une fois les touristes évaporés dans les maisons de bois, les sternes (Sterna paradisaea) reprennent leurs discussions et les bruants des neiges (Plectrophenax nivalis) se remettent au travail: seuls oiseaux chanteurs de l'île, se sont eux qui en égayent les rues.

Cet après-midi, alors que le soleil passait du sud vers l'ouest, un bimoteur nous emporte vers Ny-Alesund. Nous n'y atterrirons finalement pas; un brouillard bouche l'entrée du fjord et recouvre l'aéroport de la base. Tant pis, nous ferons les voyage demain: pas très bon pour l'atmosphère, mais rien de mieux pour profiter des montagnes et des glaciers.

En attendant que le brouillard se dissippe; le soleil continue sa ronde.

lundi 11 juin 2007

Les experts: Groningen

Parlons d'autres choses, un peu de vulgarisation. Comme chacun sait (va bientôt savoir), le sang transporte, outre des globules rouges (aussi appelés erythrocytes -du grec erythro, rouge-, ou hematies -de l'hème contenant un atome de ferIII qui donne sa couleur rouge à la cellule), des globules blancs (ou leukocytes -du grec leukos, qui bouge). Ce sont ces globules blancs qui sont responsables de la réponse immunitaire de l'individu.
Une fois à Ny-Alesund, je suis censé être l'expert pour l'analyse des leukocytes des oies bernaches (Branta leucopsis) et des eiders communs (Somateria mollissima)... Grande responsabilité pour mes frêles épaules. Mince, il va falloir que je fasse des tractions.

Fig. 1.1: Un lymphocyte, et deux héterophiles entourés de globules rouges typiques. Notez les pseudopodes du lymphocyte.

Fig. 1.2: deux thrombocytes, un hétérophile et un monocyte. Formes typiques. Les thrombocytes sont les cellules chargées de boucher rapidement une plaie.

Cependant, Cecilia S. (la thésarde suédoise avec qui j'apprends) et moi butons sur des cellules qui ne ressemblent à rien de connu, et que personne n'a jamais décrit jusque-là... Vive la science, qui nous permet d'être, elle, l'expert mondial en leukocytes de B. leucopsis et S. mollissima et deux autres bestioles, et moi, le deuxième. Mais mis à part le peu de gloire que cela nous offre, personne ne peut nous aider...

Départ pour Ny-Alesund, Ile Spitzberg, Archipel du Svalbard, Norvège dimanche 17 juin, 17h.

à bientôt



yvan

samedi 26 mai 2007

Groningen, De Nederlands

juste quelques photos, en attendant

la maison de jardin de Maarten où je loge. Elle se trouve dans une sorte de réserve où on ne peut entrer qu'à pied ou en vélo. Pas d'électricité ni de douche, mais le lac Piccardthof est à côté, et les lampes à huile fonctionnent à plein régime...




Au fond, les oies d'entraînement: le must du must pour faire des prelèvements sanguins.

Les canaux de Groningen, plus calmes que les pistes cyclables.

vendredi 25 mai 2007

bien arrivé
tout va bien, mon vélo marche, les oies volent
à bientôt

yvan